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172867

CONSTANTINOPLE AVANT CONSTANTINOPLE

Constantin, après avoir vaincu définitivement Licinius à

l’Automne 324, a déjà décidé de créer une nouvelle capitale. Il

a certainement longtemps pensé l’installer sur les bords du Rhône,

en Arles. Les événements en ont décidé autrement. Si Sirmium

fut le centre du théâtre des opérations contre les Barbares au

début des années 320 et le point de départ de la reconquête de la

«

pars orientalis

» de l’Empire en 324, il devient évident qu’il

faut rééquilibrer cet empire entre Orient et Occident.

La cité de Byzance,fondée au VII

e

siècle avant notre ère (657

avant J.-C. par des colons mégariens) a les pieds posés en Europe

et le regard porté sur l’Asie et l’Orient. La situation de cette

antique cité constitue l’épicentre d’un nouvel empire à naître

au carrefour des routes terrestres et maritimes, un véritable

verrou dont Constantin Ier détient enfin la clef grâce à sa

victoire sur son beau-frère !

L’émergence d’une nouvelle idéologie, mise en place à partir de

313 et du rescrit de Milan (édit) qui proclamait la fin des

persécutions et la liberté religieuse, assure avec la création de la

nouvelle capitale, le triomphe du Christianisme. La nouvelle

cité, fondée selon les anciens rites, s’affiche déjà comme la

rivale inconditionnelle de Rome, l’antique capitale. Constantin va plus loin en la dotant des

mêmes institutions que l’

Urbs

et créé ainsi une dualité que l’Histoire va se charger de mettre en

relief avec la séparation des deux parties de l’Empire à la mort de Théodose Ier.

Cependant, le dessein de Constantin était-il aussi déterminé en novembre 324, après sa victoire

et le destin de ce qui allait devenir « Constantinopolis » (littéralement la ville de Constantin)

était-il déjà scellé ? En y regardant de plus près et en s’appuyant sur les sources numismatiques,

en particulier le monnayage de bronze, révélateur, puisque utilisé par le peuple, le choix n’était

pas forcément définitif et les décisions de Constantin n’étaient pas forcément déterminées.

L’examen des émissions entre 326, date du début du monnayage et le 11 mai 330, date de la

dédicace de la nouvelle cité, Constantinople, nous laisse entrevoir la montée en puissance de la

nouvelle ville. L’adoption de nouveaux types monétaires avec « Urbs Roma » et

« Constantinopolis » comme référents iconographiques, met l’accent sur l’organisation qui

s’est progressivement mise en place.

Rome n’est plus dans Rome et Byzance est en train de devenir Constantinople ! Si une date

devait être retenue pour un changement d’époque, plutôt que l’éviction d’un roitelet, Romulus

surnommé Augustulus, en septembre 476 qui ne régnait plus que sur les environs de Rome et des

bribes d’une empire déchu, c’est bien la date du 11 mai 330 qu’il faudrait adopter et le Moyen

Âge débuterait alors ce jour là pour se terminer le 29 mai 1453, jour de la prise de Constantinople

par les Turcs.

Entre les deux, le rayonnement, la magnificence et l’éclat de la cité du Bosphore ont subjugué

les hommes et marqué les esprits. La chute de la cité dans une quasi indifférence générale est

bien la preuve que les civilisations sont mortelles !

Laurent SCHMITT (ADR 007)