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LESATELIERS

Nous l’avons déjà plusieurs fois évoqué en filigrane. Le type IOVI CONS-ERVATORI ne fut frappé que dans certains

ateliers de l’empire, la partie que contrôlait Licnius I

er

depuis le règlement de Serdica en fin 316, à savoir l’atelier du

district de Thrace (Héraclée), les deux ateliers voisins de Propontide (Nicomédie et Cyzique) en Asie Mineure et les

deux grands ateliers traditionnels d’orient, Antioche en Syrie et Alexandrie en Égypte. À la suite de la première guerre

civile Licinius a perdu les ateliers de Siscia et de Thessalonique, avec un total de dix officines, ne conservant en

Europe que l’atelier d’Héraclée. Au moment de la réforme de 313, Licinius avait un total de cinquante-trois officines

pour sept ateliers qui passe à quarante sept en 316 pour cinq ateliers et à vingt-deux officines après la réforme

monétaire de 318/319. D’après P. M. Bruun, l’atelier d’Antioche pourrait être fermé en 324. Quant à l’atelier d’Alexan-

drie, son activité est fortement réduite. Dans notre sélection de

ROME XXIII

, sur un total de 208 nummi, nous avons

166 pièces pour le seul atelier d’Héraclée ce qui représente un total de près de 80% des espèces. L’atelier de Nico-

médie avec 24 monnaies ne représente que 11,50%, celui de Cyzique avec 11 exemplaires, 5,30%, Antioche ne repré-

sentant quant à lui que 2,40% avec cinq monnaies et Alexandrie, 1,45% avec trois nummi.

Dans

ROME XXIII

, sur 208 monnaies, nous avons 109 nummi pour Licinius I

er

, soit 52,40% du total et Licinius II,

près de 40% du même total. Les Licinii représentent à eux seuls plus de 92% des monnaies proposées tandis que

Constantin I

er

avec quatre nummi totalise moins de 2% du total tandis que Crispus avec cinq exemplaires totalise

2,40% et Constantin II, 3,80% avec huit monnaies.

La conclusion générale à tirer de

ROME XXIII

est que notre échantillon représentatif avec 208 nummi au total est

majoritairement composé d’espèces de l’atelier d’Héraclée pour Licinius I

er

et Licinius II. Comme il ne s’agit pas

d’un trésor, mais d’une accumulation sur une vingtaine d’années, l’échantillon semble valide. Les deux autres

conséquences de cette analyse, c’est que les productions des autres ateliers sont rares ou très rares, en particulier

pour les ateliers d’Antioche et d’Alexandrie. Enfin le monnayage de Constantin I

er

et de ses deux fils est presque

inexistant dans notre sélection signifiant que ces monnaies, quand elles ont été frappées, restent de la plus grande

rareté, indices que ne rendent pas les degrés de rareté du Roman Imperial Coinage.

ATELIER D’HÉRACLÉE

L’atelier d’Héraclée située sur la côte thrace est incontestablement le plus

important pour les Licinii. L’atelier est passé de cinq à quatre officines à partir

de 320, puis à trois au cours de l’année 321, ne repassant au chiffre supérieur

qu’au cours de l’année 322. L’alphabet utilisé, comme pour les autres ateliers

du domaine de Licinius est le grec (alpha, bêta, gamma et delta). Dans notre

sélection de

ROME XXIII

, nous avons seulement trois exemplaires de la

quatrième officine pour Licinius Ier et aucun pour Licinius II pas plus que

pour Constantin I

er

et ses fils. Dans le Roman Imperial Coinage, la quatrième officine est R5, c’est à dire qu’un seul

exemplaire est signalé. Si les quatre officines sont recensées pour les Licinii, la première officine est utilisée par

Constantin II César RIC. 55 (R1), la troisième se rencontre aussi, mais reste rare (R4). La deuxième officine est utilisée

par Constantin I

er

RIC 51 (R2), la troisième officine est aussi utilisée, mais reste très rare (R4). Quant à Crispus, seule

la troisième officine semble avoir été utilisée RIC. 52 (R2). Dans ROME XXIII, nous avons 84 nummi pour Licinius I

er

et 67 pour Licinius II avec 23 exemplaires pour chacun des Licinii de la première officine, 54 nummi de la deuxième

officine avec 33 pour Licinius I

er

et 22 pour Licinius II, 47 pour la troisième officine avec 25 pièces pour Licinius I

er

et 22 pour Licinius II. Pour les Constantinides, nous avons deux exemplaires de la deuxième officine pour Constantin I

er

,

5 pour Crispus de la troisième officine et 8 pour Constantin II de la première officine. La fermeture de la quatrième

officine semble confirmée et pourrait s’étendre peut-être plus tardivement que 322, car pour Licinius II, cette officine

reste rarissime RIC. 54 (R5). Une répartition semble donc s’effectuer principalement sur trois officines, excepté pour

Licinius I

er

. Néanmoins, la production de cette quatrième officine semble beaucoup plus rare.

Après la prise d’Héraclée en juillet 324 et la fermeture provisoire de l’atelier, quand ce dernier ouvre à nouveau

ses portes dans le courant de l’année avec des revers « constantiniens », l’atelier ne fonctionne au départ qu’avec

trois officines avant d’en regagner une quatrième dès l’émission suivante. Si l’atelier d’Héraclée monnaye con-

jointement pour les Licinii dans les trois principales officines, Constantin I

er

et ses fils se voient attribuer chacun

une officine particulière ce qui montre une organisation structurée et une répartition de fabrication entre les diffé-

rentes officines. Le fait que Constantin II se voit attribuer la première officine, Constantin Ier la deuxième et Crispus,

la troisième ne semble pas avoir d’incidence sur la préséance des augustes sur les césars. Malheureusement, les

trésors de cette émission bien particulière sont peu nombreux et ne permettent pas d’établir une carte géographique

de circulation monétaire. La marque de revers semble avoir limité l’aire de circulation des espèces au territoire

contrôlé par Licinius I

er

. Héraclée, ville riche, prospère, contrôlant une partie des Détroits détient ainsi une place

prépondérante dans le système licinien. La ville située sur la côte occidentale la fragilise et en fait une proie facile

pour qui contrôle les Balkans. Les efforts de Constantin I

er

en sont la preuve. Au début de sa campagne victorieuse,

après sa victoire d’Andrinople le 3 juillet 324, il s’empare d’Héraclée, la véritable capitale économique de la zone

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