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figuré diadémé, casqué et cuirassé, tenant la lance et le bouclier vu à gauche, de trois quarts en avant.

Pour les revers, celui du nummus avec les vota est devenu usuel dans la seconde moitié du IVe siècle. Nous savons par

ailleurs que Julien fêta ses decennalia (dixième anniversaire de règne) de manière anticipée en novembre 362 avant son

départ pour la campagne persique. La légende est enfermée dans une couronne de laurier et en général, la marque d’atelier

et d’officine se trouvent à l’exergue. Il faut noter la particularité à Arles pour une partie de l’émission d’un petit aigle qui

de trouve dans le bijou servant de fermoir à la couronne qui se retrouve aussi sur le monnayage d’argent

En revanche, le revers de la double maiorina est complètement nouveau et ne sera plus réutilisé ensuite. Il a été beaucoup

glosé sur le choix de ce revers et plusieurs hypothèses ont été émises. L’empereur, né peut-être en mai 332, sous le signe

du taureau, aurait choisi ce revers pour rappeler sa naissance. Cette hypothèse, qui peut sembler farfelue au premier abord,

n’est pas à négliger. Auguste avait choisi ce même taureau pour rappeler son lieu de naissance (Thurium/Copia) sans

oublier le capricorne, signe astrologique du premier mois de l’année sur de nombreuses monnaies qui rappellent qu’Oc-

tave reçut le titre d’Auguste le 16 janvier 27 avant J.-C.

La deuxième hypothèse, tout aussi problématique, voudrait rappeler que Julien était un grand initié et qu’il avait été

taurobolié (initiation mithriatique). L’initié placé dans une cave recevait le sang de l’animal sacrifié et se trouvait ainsi

purifié. Julien essaie d’organiser un nouveau clergé païen, à l’image d’un Aurélien au IIIe siècle qui avait instauré le culte

de Sol « Sol Invictus » ou Soleil invaincu dont il s’inspire largement essayant de bâtir une théocratie païenne.

Une troisième hypothèse repose sur un témoignage d’Ammien Marcellin qui fait allusion à la découverte d’une statue du

taureau Apis en Égypte à la fin de l’année 362 (Amm. 22, 14.6). Julien y aurait vu un signe et aurait choisi cet emblème pour

le revers de ce nouveau type. Cette dernière solution serait très importante car elle permettrait de dater précisément la date

de l’introduction du nouveau type.

D’autres hypothèses ont aussi été avancées comme le fait que le taureau est souvent compris comme un animal tectonique,

lié à la terre ou que cet animal, qui représente la force, est un protecteur.

La représentation iconographique de ce revers ne doit pas être séparée dans ce cas du choix de la légende avec SECVRITAS

REIPVB pour « Securitas Rei Publicæ » qui peut se traduire par la Sécurité de la République et ou la Sauvegarde de la

chose publique qui prend alors tout son sens avec le choix du Taureau.

Il faut remarquer que nous avons une variante de représentation à Arles où sur toute une série, le taureau est précédé par

un petit aigle posé sur une couronne qui se rencontre aussi sur le monnayage d’argent ou d’or (RIC. VIII. op. Cit., p. 202,

note 8) où ce symbole est présenté comme une réminiscence païenne

Nous n’avons au total qu’une titulature avec trois césures pour les droits des deux dénominations monétaires : D N FL

CL IVLIANVS P F AVG pour « Dominus Noster Flavius Claudius Iulianus Pius Felix Augustus » se traduisant par Notre

seigneur Flavien Claude Julien pieux heureux auguste. Les tria nomina de Julien rappellent sa filiation, Julien descend de

Maximien Hercule qui avait le praenomen de Flavius qui est aussi celui de la famille constantinienne en général. Claudius

est lié à la gens Claudia. Cette légende est apparue pour la première fois dans le monnayage à Cyzique à la fin de l’année

361. La première césure, IVLI-ANVS, est utilisée par tous les ateliers (Lyon, Arles, Rome, Aquilée, Siscia, Sirmium,

Thessalonique, Héraclée, Constantinople, Nicomédie, Cyzique, Antioche et Alexandrie) excepté l’atelier de Trèves qui est

fermé à ce moment là. Les seconde et troisième césures IVLIA-NVS IVL-IANVS ne sont utilisées que pour l’atelier d’Arles

conjointement avec la première pour les deux dénominations monétaires double maiorina et nummus.

Pour les revers,n ous avons deux légendes. Une pour la double maiorina déjà abordée avec SECVRITAS REI PVB pour «

Securitas Reipublicæ » ou la Sécurité de la République qui n’est utilisée que pour la double maiorina.

La légende des nummi VOT X MVLT XX, « Votis decennalibus Multis vicennalibus » peut se traduire par les vœux pour

le dixième anniversaire de règne et plus pour le vingtième anniversaire à venir. Nous savons que ce sont des vœux pour

les decennalia anticipées (fêtées à la fin de l’année 362) et que légende et type sont stéréotypés.

Nous nous rendons immédiatement compte de ce qui semblait extrêmement simple au départ, s’avère plus complexe et riche

et que le monnayage de bronze de Julien est un thème intéressant qui nécessiterait des développements beaucoup plus

importants que ce qu’un catalogue

ROME

nous autorise ! Espérons que la lecture des différents articles suscitera des

vocations et amènera des collectionneurs à se pencher sur cet empereur attachant.

Laurent SCHMITT