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LEMONNAYAGE DE BRONZE ET LARÉFORMEMONÉTAIRE

Au regard du règne de Julien, assez long (355-363), le monnayage est peu abondant. Il convient de partager le règne entre

les espèces du César Julien, entre 355 et 360, et celles de Julien Auguste à partir de 360. Même pour cette seconde partie

du règne, une distinction s’impose pour le monnayage. Julien n’obtient le contrôle total des ateliers monétaires qu’après

la mort de son cousin Constance II, le 3 novembre 361. Julien fait son entrée dans Constantinople le 11 décembre 361. Il

entame les grandes réformes à partir du début de l’année 362, d’abord à Constantinople, puis ensuite à partir d’Antioche,

de juin 362 à son départ pour la campagne persique en mars 363. L’événement numismatiquement important est la célébra-

tion anticipée des decennalia (dixième anniversaire de règne) qui débute à l’automne 362, normalement à partir du 6

novembre.

Déjà, dès 1960, les auteurs du «

Late Bronze Roman Coinage

»

op. cit.p. 42, notaient qu’une nouvelle légende monétaire fait

son apparition début 363 (janvier) avec la forme : D N FL CL

IVLIANVS P FAVG. Pour R. A. G. Carson et J. P. C. Kent, toutes

les monnaies avec le buste barbu et les deux types de revers «

Securitas Reipub » et « Vot X Mult XX » ne pouvaient être an-

térieures à cette date. Une vision toute différente avait été propo-

sée par Ernest Babelon dans un article de la Revue Numismati-

que resté célèbre : « L’Iconographie monétaire de Julien l’Apos-

tat »,

RN

. 1903, p. 3-36, pl. VII-X où l’auteur tendait à démontrer

qu’une évolution stylistique était notable en fonction des ate-

liers en particulier pour ceux de Constantinople et d’Antioche.

J. P. C. Kent a nuancé son point de vue dans le RIC VIII, op. Cit. p. 46-47, en faisant remarquer que la nouvelle titulature

longue de Julien était déjà utilisée à Cyzique dès la fin de l’année 361, au moment où Julien récupère l’ensemble des

prérogatives de Constance II. Si tous les auteurs semblent s’accorder sur le fait que l’ensemble du monnayage d’or de

Julien s’arrête au début de l’année 363 après la commémoration des decennalia anticipées et la distribution d’espèces à

cette occasion, à la fin de l’année 362, le mystère autour du monnayage de bronze et de sa réforme reste entier.

La première hypothèse est de faire débuter les émissions au début du règne personnel de Julien, c’est-à-dire de la fin de

l’année 361, après son entrée à Constantinople ou tout du moins au début de l’année suivante. Faut-il rappeler un trait

important de la physionomie de Julien. Il décide de ne plus se raser après son entrée dans la Capitale en décembre. Tous les

empereurs depuis Constantin étaient glabres. Ce retour à la barbe, qui plus est celle des philosophes, fut largement criti-

quée, voire raillée. Julien s’en défendit, en particulier auprès des habitants d’Antioche et leur répondit dans le Misopogon :

«

Vous dites qu’il en faudrait faire des cordes, j’y consens volontiers, pourvu que vous parveniez à l’arracher et que sa

rudesse ne fasse pas trop de mal à vos mains tendres et délicates. Ne vous imaginez pas que je sois chagriné de vos

railleries : je leur donne prise moi-même avec ma barbiche de bouc

. » Julien,

Misopogon

, ch. 2

Ernest Babelon, encore lui, en s’appuyant sur ce texte et le fait

qu’il a été rédigé à Antioche avant le départ de l’empereur

pour la campagne persique et que Julien a séjourné près de

huit mois dans la capitale provinciale située sur l’Oronte,

pensait démontrer que les produits de l’atelier d’Antioche

pouvaient laisser entrevoir des évolutions stylistiques entre

les mois de mai/juin 362, marquant l’arrivée de l’empereur et

le mois de mars 363, date de son départ (E. Babelon, RN. 1903,

p. 18-20, pl. VIII). Pour Ernest Babelon, une évolution était

notable et semblait marquer le renforcement et la longueur de

cette barbe. D’après J. P. C. Kent, pour Antioche, nous pou-

vons déterminer quatre séquences d’émission différentes en

fonction des marques d’exergue (RIC. VIII, op. cit., p. 531-

532) ce qui ne semble pas l’étendue la plus importante car nous en rencontrons jusqu’à cinq pour Constantinople, mais

aussi huit pour Siscia, sept pour Nicomédie et quand même cinq pour Arles, atelier occidental très éloigné de l’atelier de

Syrie. Si les marques d’exergue sont un moyen de dater les monnaies et les phases d’émissions, notre tache va être encore

plus complexe si elle doit être combinée avec l’étude iconographique des bustes.

D’autre part, dans le cadre de la réduction drastique du nombre des officines, opération qui était datée de 363 par les auteurs

du LRBC, Siscia semble être le seul atelier dont les espèces de la réforme sont connues avec d’abord quatre, puis deux

officines ce qui semblerait infirmer que la réforme monétaire précéderait la réforme des ateliers et la réduction des officines.

Il semble en être de même pour l’atelier d’Aquilée, de manière moins appuyée.

Le tableau détaillé des émissions pourrait permettre d’émettre des hypothèses. En nous appuyant sur les travaux de Jean-

Pierre Callu, qui en 1986, lors du colloque de Paris, avait essayé de présenter et d’étayer une théorie sur une rationalisa-

tion de la production des monnaies de bronze pour la période valentinienne, il avait déterminé à partir de l’étude des

marques d’atelier et d’officines la théorie du rythme trimestriel des émissions monétaires. Plus que la périodicité (men-