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Soldat ou Constantin I

er

debout à droite, tête nue, vêtu

militairement, tenant une haste renversée de la main droite et

appuyé de la gauche sur son bouclier.

La typologie de ce revers est classique : représentation d’un soldat

ou de l’empereur vêtu militairement afin d’exalter la « Virtus » de

l’empereur. L’empereur, chef des armées en est le symbole et le

représentant. Le personnage est vu de face tourné à gauche (jambe),

mais la tête tournée à droite. Il est dans une attitude d’attente, de

réserve et de gardien, tenant la lance renversée de la main droite et

s’appuyant de la main gauche sur son bouclier.

Victoria (la Victoire) assise à droite sur un cippe tournée à gauche,

tournant la tête à droite, tenant une palme de la main gauche ;

devant elle à gauche, un trophée et un captif agenouillé à gauche

sur lequel elle pose son pied droit ; au-dessous, un bouclier.

Ce type n’est pas nouveau avec la Victoire associée au trophée et au

captif vaincu agenouillé. C’est l’association bien particulière avec

cette légende qui en fait la spécificité. Ce revers, à lui seul symbolise

le nouvel atelier Ce type, le seul utilisé par Constantin Ier à partir de

la quatrième émission et de 328 marque un tournant dans le

monnayage constantinopolitain. Il ne peut pas seulement symboliser

une victoire sur le front danubien, si importante fut-elle. Ce revers

associé à la légende, présente Constantin comme le garant de la

Sécurité de l’empire, le rempart contre la danger extérieur. À ce titre,

il s’inscrit dans les choix iconographiques de la première moitié du

IVe siècle.

En examinant le monnayage de Constantinople, nous nous rendons

très bien compte qu’au moment de l’ouverture de l’atelier en 326, le destin de la ville n’est pas scellé. Entre 326

et la réforme de 330, nous avons trois changements majeurs iconographiques pour les revers et une variété de bustes

diadémés qui ne se retrouve dans aucun autre atelier sur une période aussi courte. En 326, quand l’atelier ouvre

ses portes, rien ne le distingue des autres ateliers, en particulier orientaux qui fonctionnent depuis la réunification

de l’empire deux ans plus tôt. Un changement important se produit à la fin de la première émission, une rupture

iconographique qui s’accompagne peut-être de choix idéologiques et politiques que traduisent l’adoption de

quatre nouveaux types avec des légendes qui peuvent constituer les bases d’un programme philosophique au

moment où Constantin pense à transférer la capitale de l’Empire pour la ville qu’il a choisi, à qu’il donne son nom

et qu’il dote d’institutions comparables à l’Urbs en faisant son égale, créant ainsi un dualisme jusque là inusité.

Cette première rupture s’accompagne d’un re-centrage autour d’un thème unique à partir de la quatrième émission

où le message politique et iconographique de départ se trouve relégué en arrière plan tandis que l’empereur est mis

en avant par le choix de nouveaux types de bustes, idéalisés, marquant une rupture consommée avec les canons de

l’art antique (gréco-romain) et marquant la naissance de l’art byzantin ou chrétien.

Les choix iconographiques de représentation sont peut-être le début d’explication auquel tous les auteurs depuis

un siècle ont essayé sinon de répondre, d’apporter sur la vision d’un monde qui était en train de changer et où

l’empereur n’était plus un dieu parmi les dieux, mais un homme inscrit dans la cosmologie divine où le principe

du fils de même nature que le Père et le Saint-Esprit, principe adopté au Concile de Nicée heurtait la conception

de certains intellectuels orientaux qui préféraient voir le fils subordonné au père (l’homonoia des Grecs) symbole

d’une nouvelle vision du monde où il n’y avait plus de place pour l’homme seul !

Laurent Schmitt (ADR. 007)

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