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4)R/ Securitas (la Sécurité) debout à gauche, voilée et drapée,

tenant une branche de laurier de la main droite et un pan de sa

robe de la main gauche.

Ce type de revers est plus classique dans sa forme et son choix

iconographique, même si la Sécurité ne fut pas une entité des plus

représentées au Haut empire. Ce revers figure la tradition sur la-

quelle doit s’appuyer l’empire. Le fait que ce revers soit attaché à

l’image de la mère de l’empereur n’est pas anodin. Dans un empire

en train de devenir Chrétien, aucun signe ostentatoire n’est en-

core visible. Et cette Sécurité peut ressembler à une sainte du ca-

lendrier, elle se rapproche plus de la religion traditionnelle

païenne. La Sécurité voilée peut aussi faire penser à Vesta, la déesse

du foyer. La représentation de la femme et de ces expressions cor-

porelles est restée figée et elle est intemporelle dans sa représen-

tation figurée. Sortie de son contexte, elle pourrait être empruntée

à un monnayage du IIe ou du IIIe siècle sans aucun hiatus chrono-

logique.

5)

R/ Salus (la Santé) ou Fausta voilée et drapée, debout de face,

regardant à gauche, tenant deux enfants dans ses bras.

Ce revers, bien que très proche du précédent, est aussi très diffé-

rent, Fausta sous les traits de la Santé ou l’inverse, c’est la repré-

sentation du matriarcat, évoqué par Dumézil dans la religion pri-

mitive romaine. Ce n’est plus une vierge, puisqu’elle porte deux

enfants, Constantin II et Constance II ou Constance II et Constans

ou telle une nouvelle louve «

lupa

» les nouveaux fondateurs de

Rome, de Constantinople peut-être, en gestation. C’est la mère, la

génitrice, nouvelle Vénus d’une religion en devenir qui n’a pas

encore enfanté et livré tous ses secrets.

Le monnayage de l’atelier de Sirmium, ouvert vers 320, huit ans

après la bataille du Pont Milvius, sept ans après le « rescrit » de

Milan aurait pu constituer un creuset pour un Christianisme nais-

sant et frileux. Sirmium, pour les Balkans était l’une des régions les plus christianisées qui a donné de nombreux

martyrs au calendrier et où, encore aujourd’hui, les signes d’une précoce évangélisation, favorisée par le fleuve (le

Danube et ses affluents) et les voies commerciales ont trouvé un écho favorable à partir du IIe siècle. Cependant,

rien ne transpire ou ne se dessine sur le monnayage. Aucun signe, aucune «

imago

» ne vient éclairer les change-

ments intervenus depuis la grande Persécution de Dioclétien. Le monnayage serait-il hermétique à toute dialec-

tique ? Sommes-nous encore trop prêt de la défaite de Licinius pour trouver des signes, qui devenus Chrétiens,

permettraient aux prosélytes de se reconnaître. Prudent, le pouvoir impérial a choisi avec parcimonie les monnaies

qui devaient s’orner de symboles qui ne pouvaient plus laisser planer de doutes sur les choix religieux de la

dynastie régnante et des classes dirigeantes. Il ne faut pas oublier que le Christianisme primitif fut d’abord la

religion des « gentils » et des humbles avant de se voir accaparer par les intellectuels et la noblesse et récupérer

par le pouvoir central devenu jaloux des victoires des adeptes « du poisson » après l’avoir violemment combattu

entre Trajan Dèce et Galère.

Sirmium, atelier grégaire à la durée de vie très courte obéit aux mêmes règles que les autres ateliers de l’empire. Il

s’intègre dans les choix d’une politique monétaire et économique. Avant tout, atelier impérial au service d’une

propagande, il se doit de satisfaire aux exigences du moment, le financement de la guerre. Cette guerre intérieure,

Civile, dernier avatar des événements de 68/69 ou de 193/197 n’est pas l’ultime symbole des usurpations à venir

d’une lutte fratricide qui fait bien plus de dégâts que toutes les invasions barbares réunies. L’état a besoin de

financement pour faire face à à des dépenses accrues constituées par les effectifs de l’armée et la bureaucratisation

de la cour impériale. Le résultat est une augmentation de la masse monétaire générée par l’augmentation des pré-

lèvements en tout genre. Le résultat de cette politique est la paupérisation des masses laborieuses qui ne font que

survivre. Le mal être de l’empire trouve peut-être là ses origines ainsi que la victoire du Christianisme plutôt qu’au

pont Milvius dans une vision messianique de fin du monde en devenir pour renaître à un monde meilleur ?

Laurent Schmitt (ADF 007)

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