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LES TITULATURES DES REVERS
Nous avons cinq légendes de revers pour six personnages. Crispus et Constantin II partagent la légende
ALAMANI-A DEVICTA. Les légendes de revers deviennent elles-aussi stéréotypées. Il ny pas de variante de
légende, voire de césure, excepté pour les fautés ou les imitations.
1 SARMATIA - DEVICTA.»Sarmatia Devicta», (La Sarmatie soumise).
Cest la première apparition de cette légende dans le monnayage et la seule. Elle correspond à la commémoration
dun événement précis : la ou les victoires remportées par Constantin en 322. Le recours à lindication dune
région située en dehors de lempire et du limes semble indiquer que Constantin a porté la guerre à lextérieur alors
quen réalité, la campagne de lempereur est une réponse aux incursions incessantes des Barbares sur le territoire
de lempire. Il ne faut pas imaginer le limes rhéno-danubien comme une frontière hermétique. La longueur à sur-
veiller et les effectifs disponibles ne permettent pas une telle intervention. Les migrants profitent dune absence
de troupes pour passer le
limes
(ligne imaginaire souvent défendue par la nature ou des ouvrages militaires) et se
répandent dans larrière-pays immédiat en pillant et en razziant la région avant de repasser de lautre côté. Les
opérations militaires consistent alors en « représailles » qui vont permettre aux troupes romaines de récupérer ce
qui a été pris et de punir les envahisseurs ! Après leur défaite et la signature dun traité «
fdus
», ils pourront
devenir des Fédérés et défendre les territoires où ils ont été installés contre les prochains Barbares qui franchiront
le limes (et ainsi de suite). La victoire contre les Sarmates dut avoir un retentissement suffisant pour que Constantin
le choisisse comme légende monétaire et le fasse représenter dans les ateliers occidentaux quil contrôlait alors. Le
choix de cette légende est aussi le début dun programme. Il indique que lempereur restaure lautorité romaine par
la soumission des ennemis de lempire. Cest aussi une indication pour les ennemis intérieurs (Licinius Ier) et
lOrient quils ne pourront pas braver éternellement le pouvoir impérial et que vaincus, ils seront traités comme
les barbares, « soumis ». Ce type introduit tardivement dans le monnayage à la fin de lannée 323 dans certains
ateliers et en 324 à Sirmium, disparaît rapidement après la victoire de Constantin Ier sur Licinius Ier à lautomne
324, remplacée par le nouveau type dEmpire : PROVIDENTIAE avec la porte de camp !
2 ALAMANNI-A DEVICTA. «Alamannia Devicta», (LAllemagne soumise).
Cette légende bien particulière na été utilisée que par les Césars Crispus et Constantin II à Sirmium. En effet, aucun
autre atelier na recours à cette légende. Elle répond directement à celle de Constantin Ier avec SARMATIA DEVICTA.
De la même manière que les Sarmates ont été vaincus, Crispus et son demi-frère sont venus à bout des Alamans (ancêtres
des allemands).Avec ces deux légendes de revers, les Romains affirment leur suprématie sur les Barbares et le rétablis-
sement de la paix et de la sécurité sur le limes rhéno-danubien si important pour la survie de lempire.
3 PROVIDEN-TIAE CAESS. «Providentiæ Cæsarum», (À la Providence des césars).
Cette légende qui se décline pour lauguste (AVGG) et les césars (CAESS) est introduite dans le monnayage après la
victoire de Constantin Ier sur Licinius en octobre 324 et se trouve peut-être liée à lélévation de Constance II comme
césar, le 8 novembre 324. Le fait que lempereur, «
primus augustus
»
et ses fils partagent la même légende obéit à un
choix politique indéniable de renforcement du pouvoir impérial et dune forme de hiérarchisation et de standardisation
de l
imago
impériale. Associés à la porte de camp, lempereur et ses fils deviennent un rempart pour lempire.
4 SECVRITAS REIPVBLICE. «Securitas Reipublicae», (La Sécurité de la République).
Cette nouvelle légende est associée à Hélène la mère de Constantin Ier et sintègre dans la politique dynastique
de lempereur après 324 et la victoire sur Licinius Ier. Un nouvel ordre est né où chacun trouve sa place. À la mère
de lempereur est associée la Sécurité de lempire. La mère veille sur ses enfants comme la mère de lempereur doit
veiller à la Sécurité de lempire. Hélène va prendre sa tache au pied de la lettre et même faire du zèle en ouvrant les
yeux de son fils sur les agissements de sa femme, liée au complot supposé de Crispus. Fausta est liquidée parce
quelle a été dénoncée par sa belle-mère qui la déteste. Le beau programme monétaire sécroule avec la disparition
du fils aîné et de la femme de lempereur.
5 SALVS REI-PVBLICAE. «Salus Reipublicæ», (La Santé du bien public)
Cette légende, bien connue depuis les temps héroïques de la République connaît une nouvelle utilisation au IVe
siècle dans un empire en mouvement et en changement. Réservé à la femme de Constantin Ier, Fausta doit veiller à
la santé du bien public. Elle a donné en dix-neuf ans de mariage, six enfants vivants, trois garçons et trois filles qui
serviront les ambitions dynastiques de leur père. En revanche, Fausta et Crispus sont les deux premiers à dispa-
raître du monnayage en 326, suivis deux ans plus tard par la mère de lempereur. Le programme idéologique de
lempereur est mis à mal, mais il nest pas interrompu. Le type PROVIDENTIAE continue dêtre frappé jusquen
330, même si le rempart seffrite et laisse apparaître des fissures, naissance du malaise que lempire traverse à la fin
du règne de Constantin Ier et après sa mort. Cest le vieux thème récurrent évoqué par les païens qui accuse le
Christianisme davoir corrompu lempire en trahissant ses idéaux.