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AURÉLIEN :

« RESTITVTORORBIS ROMANI »

RESTAURATEURDUMONDEROMAIN

La capture de l’empereur Valérien I

er

par les Perses résonne comme la plus grande humiliation

que connut l’Empire Romain. Gallien, désormais seul empereur, n’essaie même pas d’effacer

cette honte et laisse son père en captivité, où il sert de marchepied à Sapor, le roi perse, l’ennemi

juré de Rome. Cet événement révèle la profonde crise que connaît l’Empire Romain au troisième

siècle. Rome, la Rome Impériale, voit son prestige de cité maîtresse s’éteindre. Les barbares

traversent régulièrement les frontières, pillent les villes de l’Empire, les plus anciennes, et

retournent hors du

limes

avec leurs riches butins. Mais l’empereur lui-même n’est plus cet

homme, aimé autant que craint. L’Empire se morcelle. Des usurpateurs apparaissent dans tous les

coins de l’Empire... Les trente tyrans de l’Histoire Auguste.

En Occident, l’Empire Gaulois se détache de Rome. Postume, Lélien, Marius, Victorin, tous se

succèdent comme si un empereur romain avait toujours sa raison d’être sans la Ville, sans Rome.

En Orient, Odenath se fait même reconnaître

Dux Romanorum

, chef des Romains, par Gallien.

À Palmyre, sa ville, Odenath ajoute la totalité de la Syrie, puis l’Égypte et une partie de l’Asie

Mineure.

À la mort de Gallien, l’Empire est rongé de l’intérieur, par les usurpations et les dissidences, de

l’extérieur par les barbares trop heureux de vaincre l’armée romaine et de venir, presque à leur

bon loisir, piller les richesses de l’Empire.

Claude II, nouvel empereur, comprit la situation : le monde romain est au bord du morcelle-

ment. Ce chef militaire va entreprendre la restauration, en fait la promesse, en quelque sorte, sur

la propagande monétaire. Mais sa mort, après moins de deux années de règne, rend l’œuvre

inachevée, pour ne pas dire uniquement envisagée.

Aurélien est le successeur de Claude II, si on fait l’impasse sur le règne bref, et pour ne pas dire

inexistant, de Quintille.

En seulement cinq ans, de 270 à 275, Aurélien combattit, un par un, tous les ennemis de

Rome, consolida, un par un, tous les points faibles de l’Empire. Il gagna en cinq ans un pari

impossible : réunifier l’Empire Romain. Grâce à lui, toutes les provinces de l’Empire reviennent

sous l’autorité de Rome. C’est à juste titre que les monnaies exaltent l’empereur « Restitutor

Orbis », Le Restaurateur du Monde.

Le plus grand danger pour Rome n’était pas l’Empire Gaulois, plutôt fermé sur lui-même, mais

l’Empire de Palmyre, à l’extrême Est de l’Empire. Palmyre, ville de tradition plus perse et

hellénistique que romaine, risquait, avec son « Empire », de tomber aux mains des Perses. Bref

l’Empire Romain, amputé de sa partie orientale, craignait de se voir réduit de moitié.

Aurélien mit fin au royaume de Palmyre, sur lequel Vaballath, fils d’Odenath et Zénobie, régna

en tant que « roi des rois », suivant la tradition perse, mais aussi en tant que « chef des Romains » !

Mais Aurélien ne se contenta pas de réunifier l’Empire. Il dut le préparer à l’avenir, le

réformer. Ainsi, la puissante Rome dut être entourée de remparts (mur d’Aurélien), par peur des

descentes de barbares, capables de traverser toute l’Italie et de descendre jusqu’à Rome.

L’économie de l’Empire dût elle aussi être assainie. La crise économique, aggravée sous le règne

de Gallien, avait transformé de beaux antoniniens d’argent en piécettes de cuivre. La réforme

monétaire organisée par Aurélien marque la volonté de battre de belles monnaies, de qualité équiva-

lente quels que soient les ateliers, avec une teneur en métal pur officiellement garantie. L’État ne

doit plus apparaître comme un faux-monnayeur, mettant en circulation des pièces de métal vil, et

les faisant passer pour des monnaies d’argent. La sécurité de l’État était à ce prix.

Aurélien avait une adoration pour le culte de

Sol

, très en vogue chez les militaires et en

Illyrie, d’où il était originaire. Il imposa ce dieu, en fit un culte officiel.

Sol,

cette divinité

orientale ajoutée au panthéon romain, vint remplacer un Jupiter, malade, las des offrandes

rituelles qu’on lui fait depuis des siècles.