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Comment le nouvel empereur va-t-il restaurer le monde comme il l’indique sur ses monnaies

pendant une partie de son règne « RESTITVTOR ORBIS » ?

Sa première tâche est de se débarrasser des hordes barbares, Goths et leurs alliés, qu’il écrase

avant de se rendre à Rome afin de se voir confirmer ses pouvoirs par le Sénat. Incapable de faire

face sur tous les fronts simultanément, il confirme les pouvoirs de Vaballath en Orient.

Il prend son premier consulat à Rome le 1

er

janvier 271 et quitte l’Urbs afin de se rendre sur le

limes danubien où il écrase les Vandales, puis doit se porter à la rencontre des Juthunges qui ont

envahi l’Italie du Nord et sèment la panique jusqu’à Rome.

D’abord vaincu, il écrase finalement les envahisseurs près de Plaisance. Encore une fois,

l’Italie est sauvée, mais la disette et la sédition ne sont pas loin. Rome s’est révoltée, et c’est

dans le sang qu’Aurélien écrase les mutins, dirigés en partie par les monétaires dont d’après les

sources, plus de 7.000 auraient péri au cours de la répression. Aurélien ceinture la Ville Éternelle

d’une enceinte, le « mur d’Aurélien », toujours partiellement visible aujourd’hui. Il reçoit le titre

de « Germanicus », légifère et réforme l’administration et l’armée. Il commence une première

restauration monétaire qui trouvera son aboutissement en 274, lors de la seconde réforme moné-

taire.

Ayant définitivement rompu avec Zénobie et Vaballath qui se sont emparés de tout l’Orient et

de l’Égypte, indispensable à l’approvisionnement de Rome, Aurélien part pour l’Orient. Au cours

d’une campagne éclair, il remporte une brillante victoire et s’empare une première fois de

Palmyre en 272. Rappelé en Occident, il écrase les Carpes et reçoit le titre de « Carpicus » avant

de retourner en Orient pour s’emparer définitivement de Palmyre qui s’était de nouveau soulevé.

L’Égypte est réoccupée. Aurélien victorieux retourne à Rome fin 273, y prend son second

consulat le 1

er

janvier 274, entreprend sa seconde série de réformes dont la plus importante,

monétaire, rétablit pour deux décennies la stabilité. L’empereur entreprend sa dernière grande

campagne et bat le dernier empereur gaulois, Tétricus I

er

, et son fils Tétricus II, près de Châlons-

en-Champagne. Pour la première fois depuis quinze ans, l’Empire est réunifié sous la direction

d’un seul empereur, Aurélien, qui rentre à Rome, reçoit le Triomphe, accompagné de Zénobie,

Vaballath, Tétricus père et fils enchaînés. Aurélien, magnanime, pardonne et gracie les vaincus de

Palmyre et de Châlons qui continueront de couler des jours tranquilles en Italie.

Séverine, fille d’un sénateur influent, Ulpius Crinitus, qu’Aurélien a épousée en 258, reçoit le

titre d’Augusta en 274 et est largement associée à l’empereur dans les émissions monétaires.

Ayant revêtu son troisième consulat le 1

er

janvier 275, Aurélien quitte Rome afin de combattre de

nouvelles hordes barbares qui ont franchi le limes sur le Danube. Il prépare son ultime campagne

militaire, l’affrontement avec le Roi des Rois perse ; Sapor I

er

est mort en 272 et une lutte de

succession s’est ouverte entre ses héritiers, situation dont l’empereur espère bien tirer parti. En

septembre 275, à Cnaenophurium, entre Byzance et Périnthe, Aurélien est assassiné par un soldat

qui craignait une punition ; l’empereur avait 61 ans.

La nouvelle de cet assassinat laissa l’Empire dans une telle consternation que le trône resta

vacant pendant plus d’un mois et que Séverine, femme d’Aurélien, assura vraisemblablement

l’intérim, l’Armée et le Sénat se renvoyant la responsabilité du choix avant de décider pour

Tacite, le prince du Sénat, âgé de 75 ans. C’est la première et la dernière fois qu’une impératrice

assure le pouvoir après la mort de son mari.

L’héritage d’Aurélien reste considérable. Il a réunifié l’Empire, entrepris de nombreuses réfor-

mes militaires et civiles qui devaient donner naissance au Bas-Empire. C’est certainement en

matière religieuse que la Réforme est la plus pénétrante. Il créé un synchrétisme religieux, basé sur

le culte de Sol (Soleil). Ce culte, d’origine orientale, s’est considérablement développé au cours du

III

e

siècle, particulièrement dans l’Armée. À la religion traditionnelle, polythéiste, Aurélien va

essayer de superposer, sinon de substituer, le culte unique de « Sol Invictus », préparant ainsi les

esprits au Christianisme, l’autre monothéisme du III

e

siècle.

Laurent SCHMITT (ADR 007)

schmitt@cgb.fr