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JULIEN II (331-363) : UNE PERSONNALITÉ AMBIGÜE
Julien naît à Constantinople à la fin de lannée 331 (novembre/
décembre) ou en mai 332. Il est le fils de Basilina et de Jules Cons-
tance, le petit-fils de Constance Ier Chlore et de Théodora. Il est
donc le neveu de Constantin Ier et le cousin de Constantin II, de
Constans et de Constance II. Cest dans cet entourage familial que va
se jouer le drame qui bouleversera sa vie. Sa mère meurt très rapide-
ment, puis en 337, cest Constantin Ier qui décède le 22 mai. Depuis
le début des années 330 et la mort dHélène (+ 328), sa mère, concu-
bine de Constance Ier Chlore, il sest rapproché de cette belle fa-
mille, de ses demi-frères. Constantin Ier na-t-il pas associé ses ne-
veux Delmace et Hanniballien, fils de son demi-frère Delmace au
pouvoir en nommant le premier César et le second roi du Pont ?
Quand lempereur rend le dernier soupir, près de Nicomédie, baptisé sur
son lit de mort par Eusèbe, il na pas réglé sa succession : dun côté ses
trois fils survivants, Crispus a été éliminé en 326, de lautre ses deux
neveux et ses deux demi-frères Hanniballien et Jules Constance. Jules
Constance, le père de Julien était lun des deux consuls de lannée 335.
Un lourd secret pèse sur lannée 337. Constantin II, Constans et Cons-
tance II ne sont proclamés augustes que le 9 septembre 337, et entre le
23 mai et cette date, toute la descendance mâle de Constance Chlore et
de Théodora a été éliminée soit deux fils et sept petit-fils. Seuls échap-
pent au massacre Constance Galle, demi-frère de Julien, malade au mo-
ment des faits et Julien, à peine âgé de cinq ans. Une épuration sensuit dans lentourage impérial. Il
est difficile de savoir ou de choisir pour connaître qui a été linstigateur de cette « purge » qui laisse
la place nette pour les fils de Constantin et de Fausta. Lélimination de Licinius Ier en 325, puis de son
fils Licinius II lannée suivante, sans oublier les meurtres de Crispus, fils aîné de Constantin Ier et de
Minervine, puis de Fausta, la seconde épouse du même, restaient déjà couverts dun voile pudique.
Pour Julien, lassassinat de toute sa famille, excepté son frère, va le marquer considérablement pour
le restant de ses jours et il en rendra coupable Constance II, son cousin, le seul présent à Constanti-
nople au moment des faits.
Les quatorze années qui suivent, soit jusquen 351, sont celles de lexil et
de la solitude. Galle et Julien vont être élevés ensemble avec la peur de subir
le même sort que leurs parents. Il faut lire les pages de Bidez,
la Vie de
lempereur Julien
, Paris 1930, ou celles plus pathétiques de Jacques Benoist-
Méchin,
Lempereur Julien ou le rêve calciné
, Paris 1977, pour essayer
dimaginer ce que furent lenfance puis ladolescence dun être tourmenté
et apeuré. Julien apprit la dissimulation, entouré despions et deunuques,
serviles serviteurs du pouvoir central représenté par Constance II, leur
gardien et leur tuteur. Né chrétien, élevé dans la foi chrétienne, il faillit
devenir prêtre, Julien sera sinon le plus brillant représentant dun paganisme tardif, du moins le plus
zélé. Grâce à Ammien Marcellin, son contemporain et officier de son état-major, à Libanios, un des
derniers représentants dun paganisme « humaniste » et aux oeuvres mêmes de Julien rassemblées
dans les Discours de Julien César, puis ceux de Julien Empereur, dont le dernier reste le plus célèbre, le
«
Misopogon
» (de ceux qui sont contre la barbe), nous découvrons la personnalité contrastée dun
homme qui a toujours recherché léquilibre avec la peur incrustée au ventre
dêtre la victime expiatoire dun crime familial, jamais avoué. Julien est
certainement lempereur avec Hadrien qui a fait couler le plus dencre et
dacrimonie, le premier pour ses amours homosexuelles, le second pour le
reniement de sa Religion et de sa Foi. Considéré comme un persécuteur par
les Chrétiens, sa vie et sa mort sont le châtiment dun blasphème et dun
renoncement. À lopposé, Julien aime à se présenter comme une victime
et un rempart : la victime de sa famille en général et de Constance II en